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À la fin de l'année 1997, et après 125 ans d'existence, le Journal de Physique a cessé
son activité pour se fondre dans le nouveau The European Physical
Journal. Il n'est pas possible d'analyser ici en détail les conditions de sa
création, dans le bouillonnement culturel et scientifique qui suivit la défaite
de 1870-71 et qui a aussi amené à la création de la Société Française de Physique. Les
paragraphes qui suivent restituent cependant les points principaux du
développement initial.
Le Journal de
Physique Théorique et Appliquée fut fondé par J.-Charles d'Almeida,
professeur de physique au lycée Corneille, au début de 1872 (voir son avant-propos).
L'année suivante fut créée la SFP et J.-Ch. d'Almeida en devint le premier
secrétaire général, fonction qu'il occupa jusqu'en 1880 ; Hyppolite
Fizeau, connu pour ses mesures de la vitesse de la lumière, en fut le
premier président. Quelques années plus tard, on trouve sur la première page du
Journal l'indication "fondé par J.-Ch. d'Almeida et publié par E. Bouty, A.
Cornu, E. Mascart, A. Potier" ; ces quatre physiciens furent des présidents de
la SFP.
En janvier 1904, le
physicien Jacques Danne, préparateur de Pierre Curie,
crée, avec Henri Farjas, Le Radium, conçu comme "un organe de
vulgarisation et de recherches". En juillet de la même année, le journal change
de formule ; il s'adresse aux scientifiques et prend comme sous-titre : "la
Radioactivité et les Radiations, les sciences qui s'y rattachent et leurs
applications". Jacques Danne, qui s'est séparé de H. Farjas, devient le
secrétaire de la rédaction, aux côtés d'un comité de direction comprenant J.A.
d'Arsonval, H.
Becquerel, A. Béclère, R.
Blondlot, Ch. Bouchard, P. Curie, Danysz, A. Debierne, Ch. Féry, N.
Finsen, Ch.E. Guillaume, Oudin et Rubens. La composante médicale de ce
journal va s'en séparer en 1909. Marie
Curie a remplacé Pierre
Curie ; A. Cotton, P. Langevin, J. Perrin,
E.
Rutherford, G. Sagnac et P. Vilard s'ajouteront au comité scientifique.
Jacques Danne assurera la rédaction, son frère Gaston Danne devenant le
secrétaire de la rédaction. J. Danne, qui avait créé à Gif-sur-Yvette sa propre
société, comportant un laboratoire et une usine de radium, sera emporté, en mars
1919, par l'épidémie meurtrière de grippe.
En 1920, le Journal
de Physique qui, entre-temps avait pris le nom de Journal de Physique
Pure et Appliquée, devient la propriété pleine et entière de la Société
Française de Physique. Celle-ci prend l'initiative, en accord avec Gaston Danne,
de fondre en une seule les deux publications et d'en confier la gestion, pour 99
ans, à une Société spécialement constituée à cet effet. La nouvelle publication
résultant de la fusion s'appelle Le Journal de Physique et le Radium,
comme l'explique Paul Langevin en introduction du numéro
1. La rédaction est localisée à l'École de
Physique et Chimie, rue Vauquelin.
Dans les années 60,
une "Commission des Publications françaises de Physique" de la SFP, fut créée,
dont le but premier était de rénover le Journal de Physique. Édité en
français par Jean Langevin - un des fils de Paul Langevin - dans son petit
bureau de l'École de Physique et Chimie, le Journal faisait en effet face, de
plus en plus difficilement, à la concurrence étrangère ; malgré le talent et le
dévouement de J. Langevin, il n'avait pas suivi l'extraordinaire développement
de la physique dans les années d'après-guerre. Notre action fut triple : mise en
place d'un groupe éditorial plus fourni, utilisant systématiquement des
rapporteurs extérieurs ; mise en place d'une administration qui, avec l'aide du
CNRS, permit de créer, avec J.-J. Chauvin et
J. Berger, les Éditions
de Physique logées avenue d'Orléans à Paris, puis aux Ulis ; enfin liberté
de choix pour l'auteur, en fait entrée massive mais non exclusive de l'anglais
avec la publication de résumés en français et en anglais. La commission des
publications, elle, eut son siège au bâtiment 510 de Physique des Solides à Orsay.
Sans être révolutionnaires, ces mesures allaient assez dans le sens du temps
pour permettre au "Journal de Physique et le Radium", renommé, en février
1963, Journal de Physique, de reprendre une certaine croissance en
volume, mais surtout de reprendre une valeur réelle et reconnue.
La croissance en volume s'est traduite par le lancement d'une série "Colloques", puis d'une série Lettres au Journal de Physique qui prit assez de substance pour devenir le noyau principal d'Europhysics Letters.
Peu après la réforme du Journal de Physique, le label de l'European Physical Society lui fut attribué.
D'après Jacques Friedel & Pierre Radvanyi in Journal de Physique I, Vol. 7, No. 12 (December 1997), pp. I-III